DIJON

17ème congrès

20 – 23 mai 2014

« Je ne suis pas ingénieur, je ne suis pas technicien, pourtant je dirige une équipe de 150 personnes »

Table ronde n°2 – Professions intermédiaires, techniciens : quelles reconnaissances et perspectives d’évolution

À la recherche d’une identité

« Je ne suis pas ingénieur, je ne suis pas technicien, pourtant je dirige une équipe de 150 personnes » En s’exprimant ainsi ce postier, titulaire du seul baccalauréat, résume à lui seul toutes les ambiguïtés des professions dites intermédiaires ou encore dites techniciennes. Il ne fut pas le seul au cours de cette table ronde à exprimer ces interrogations qui « toutes avaient une signification » comme le soulignera Christian Delboe animateur de ce moment dense et précis, en rappelant aussi la définition du technicien donnée par l’Ugict : tout salarié apte à mettre en œuvre d’une façon autonome une technique complexe.

Ni ouvriers, ni cadres leur hétérogénéité se ressent jusque dans les classes d’âge même si 31,6 % d’entre eux sont jeunes. Alors que le niveau de qualification continue de progresser, ils se caractérisent souvent par un niveau BTS ou DUT. Pour les ouvriers, appartenir à ces professions intermédiaires est un aboutissement, pour les autres une étape. Mais le malaise reste palpable et seuls 33 % d’entre eux se sentent en effet reconnus.

Christine Privat et Annick Picard confirment, dans les secteurs du travail social et la santé, la vérité de la situation. Pour Christine Privat, les travailleurs sociaux s’estiment non reconnus à 80 %, 90 % d’entre eux déplorent l’impossibilité actuelle de fournir un travail de qualité et 60 % constatent une perte de sens de leur travail. Dans la santé, le constat est identique. Les infirmières revendiquent une revalorisation de leur salaire et mettent en garde contre le numerus clausus qui bloque l’accès aux soins et contre les attaques envers l’éthique professionnelle avec le paiement à l’acte qui nie l’accompagnement du patient.

Souvent les déroulements de carrière se trouvent rapidement bloqués à partir du moment où l’option cadre est rejetée. Les limites sont alors rapidement atteintes.

Fabienne Tatot, de l’Ofict, nous donne des éléments supplémentaires. Une enquête récente révèle que près de 60 % des personnels de l’Equipement et de l’Environnement ressentent une nette augmentation de leur autonomie et voient leur rôle d’encadrant se développer. Fabienne Tatot explique que concours ou examen professionnels, les promotions sont avant tout soumises aux disponibilités budgétaires.

Pour le privé, comme nous l’explique Hervé Chaillou de la métallurgie, le tableau n’est pas différent « Si, la convention collective reconnaît le diplôme à l’entrée en entreprise l’évolution en haut de grille est rapidement bloquée, souvent sur cinq-six  ans, pour ceux qui ne désirent pas passer cadre.

Frédéric Séchaud, chargé d’étude au CEREQ, ne dit pas autre chose confirmant que dans les nouvelles grilles de l’industrie, les diplômes occupent une moindre place et que 22 branches fonctionnent sur la référence et pas sur les diplômes. « La stratégie patronale s’appuie sur quelques critères d’évaluation c’est-à-dire de compétences et les négociations ne portent plus que sur des boîtes à outils… ». Une stratégie en tâches de léopard.

Christian Delboe interroge sur la stratégie à avoir pour gagner des évolutions réelles et invite à s’emparer des actions de formation, argumentant que tout salarié doit progresser au moins d’un niveau dans sa carrière. Il invite les militants à venir étoffer le « pôle tech » de l’Ugict pour impulser cette élaboration revendicative et déboucher sur une stratégie et des revendications précises.

Une table ronde fort appréciée.

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