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Les cadres en mal de considération et inquiets sur l’avenir de leur entreprise
Par Leïla de Comarmond | 22/05 | 13:30 | mis à jour à 14:05
Selon un sondage réalisé par Via Voice pour l’UGICT-CGT, plus d’un cadre sur deux juge que les pratiques managériales se sont détériorées en un an.
Ca ne s’arrange pas. Les cadres sont non seulement en mal de reconnaissance et de perspectives professionnelles, mais ils sont aussi inquiets pour l’avenir de leur entreprise ou administration. C’est ce qui ressort du sondage réalisé par Via Voice rendu public ce mardi midi par l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT) de la CGT, à l’ouverture de son 17ème congrès.
En un an, la critique contre les pratiques managériales a fortement progressé. 52 % jugent qu’elles se sont « plutôt détériorées », une proportion désormais identique à celle constatée par l’UGICT-CGT dans l’enquête concernant la population des techniciens et autres professions intermédiaires . Ce rapprochement résulte d’un mouvement de forte hausse chez les cadres (+11 points) par rapport à 2013 qui est à mettre en lien avec un autre sentiment qui a beaucoup progressé cette année chez les cadres : celui de ne pas être associé aux choix stratégiques de la direction, une opinion partagée par les trois quart d’entre eux, contre 65 % un an avant. S’y ajoute le fait que ces choix stratégiques sont un sujet grandissant d’inquiétude. Alors qu’en 2013, très majoritairement (57 %), les sondés estimaient que leur entreprise « devrait avant tout donner la priorité aux équipes salariées », ils ne sont plus que 49 % cette année. Et les 8 points perdus là ont entièrement basculé sur l’enjeu des choix stratégiques.
Par ailleurs, l’enquête de Via Voice montre que la critique d’un manque de considération de la part de leur direction continue à prendre de l’ampleur chez les cadres. La proportion de ceux qui se jugent insuffisamment reconnus par leur employeur a continué à progresser cette année. Côté salaire, le compte y est encore moins qu’avant, estiment les sondés. Deux tiers affirment que leur rémunération est en décalage avec leur implication, soit 18 points de plus qu’en 2013 ; plus de 60 % pointent un tel décalage avec leur charge de travail et 55 % avec leur temps de travail réel.
Certes seuls un peu moins de la moitié des cadres sondés sont aussi négatifs quand on les interroge sur l’adéquation de leur fiche de paie avec leurs responsabilités ou leur qualification. Mais le pessimiste a nettement progressé là aussi, avec des opinions négatives passant respectivement de 39 % à 46 % et 41 % à 47 %. Dans le même temps, plus des deux tiers des cadres interrogés jugent que depuis le début de l’an dernier, leur charge de travail s’est accrue et 55 % d’entre eux estiment que leur temps de travail a augmenté. De plus en plus négatifs sur leur situation présente, les cadres ne sont pas non plus optimistes sur leur avenir. Si quatre sur dix disent avoir eu une évolution professionnelle « positive » depuis cinq ans, seulement 29 % anticipent une évolution « positive » tandis que 57 % pensent qu’ils vont stagner.
Le sondage livre par ailleurs des indications inquiétantes sur une autre dimension du travail des cadres : ses aspects déontologiques. 13 % des sondés estiment que les choix et les pratiques réelles de leur entreprise ou administration entre « souvent » en contradiction avec leur éthique professionnelle. Ce n’est pas rien. Et si l’on y ajoute les 42 % qui jugent qu’ils se trouvent dans une telle situation « de temps en temps », cela donne une majorité de cadres confrontés à des problèmes d’éthique dans leur travail.
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