Les professions intermédiaires sont très critiques sur la politique des employeurs à leur égard. Mais elles continuent à croire en leur avenir dans leur entreprise ou administration.
Les Echos parle du blues des techniciens
On parle souvent des ouvriers, des employés et des cadres, mais plus rarement des techniciens et professions intermédiaires, qui jouent pourtant un rôle clef dans les entreprises et les administrations. C’est tout l’intérêt du sondage réalisé par ViaVoice pour l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (Ugict) CGT, dont « Les Echos » publient en exclusivité les résultats.
De par leur fonction d’expertise ou d’encadrement, ces 13,3 millions de salariés – 1 million de plus que les ouvriers – sont des « ni-ni », à mi-chemin entre les agents d’exécution et les cadres. « Ce qui est frappant, c’est leur communauté de préoccupations avec ces derniers aujourd’hui », note, au vu des résultats du sondage, Marie-Jo Kotlicki, la secrétaire générale de l’Ugict CGT, dont le 17e Congrès s’ouvre mardi à Dijon. « Tous les clignotants sont au rouge », estime-t-elle. Ce qui est sûr, c’est que l’enquête montre que, comme les cadres, les techniciens ont le blues, Et ce encore plus dans le public que dans le privé, alors que c’était l’inverse auparavant.
Leur pessimisme est flagrant quand on les interroge sur leur rémunération. Près de 60 % jugent qu’elle n’est pas « en adéquation » avec leur temps de travail réel et autant avec leur qualification. Si on les questionne sur la relation salaire-responsabilité, ils sont 61 % à parler de décalage. La proportion atteint près de 70 % quand on évoque la charge de travail et 73 % pour leur implication personnelle. Les professions intermédiaires sont aussi très critiques sur les pratiques managériales : un sondé sur deux juge qu’elles se sont « plutôt détériorées au cours de l’année écoulée ». Quant aux systèmes d’évaluation, ils ne sont jugés transparents et fondés sur de bons critères que par respectivement un tiers et un quart des personnes interrogées.
Charge de travail accrue
Le sondage comporte cependant aussi une part d’optimisme. Une proportion importante des professions intermédiaires croit en son avenir dans son entreprise ou son administration : 43 %, soit 1 point de moins seulement que dans le « Baromètre des professions intermédiaires » de l’Ugict CGT datant de mars 2009. En outre, 58 % estiment « avoir les moyens de fournir un travail de qualité », en légère hausse par rapport à mars 2009. Mais c’est au prix d’une hausse de leur charge de travail, évoquée par 64 % des personnes interrogées.
Signe sans doute au moins en partie de la progression des forfaits jours dans le salariat intermédiaire à la suite des assouplissements permis sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy : 57 % des salariés interrogés déclarent faire des heures supplémentaires, en hausse de 10 points par rapport à 2009. Et, parmi eux, un sur deux précise qu’elles ne sont « ni payées ni récupérées ».
Ce n’est pas la seule dégradation constatée en cinq ans : à peine un salarié interrogé sur trois déclare avoir le sentiment d’être reconnu aujourd’hui, soit 10 points de moins qu’à la fin des années 2000. A noter que les moins négatifs sont les 18-29 ans, qui ne sont « que » 46 % à avoir le sentiment de ne pas être reconnu. A l’opposé, les 30-39 ans sont les plus mécontents (61,8 %).
Cela dit, quand reconnaissance il y a, elle ne passe pas d’abord par l’employeur. 59 % évoquent une reconnaissance sociale (un tiers des professions intermédiaires travaillent dans l’enseignement, la santé et le travail social), 30 % citent les évolutions professionnelles et 20 % le salaire. Les remerciements, compliments et autres marques de respect et de confiance ne sont évoqués que par 12 % des personnes s’estimant reconnues dans leur travail.
Leïla de Comarmond
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