DIJON

17ème congrès

20 – 23 mai 2014

En proposant aux ICTAM de « s’engager pour le progrès », notre congrès affiche l’ambition d’assurer un avenir au travail qualifié dans l’intérêt des ICTAM eux-mêmes, de celui de l’ensemble du monde du travail et de notre pays.

Rapport introductif de Marie-José Kotlicki
Dans un rapport introductif offensif, Marie José Kotlicki plaide pour un syndicalisme spécifique et solidaire. Elle annonce une campagne nationale pour la réhabilitation de la qualification et de sa reconnaissance, une campagne pour l’obtention de nouveaux droits protégés et pour l’émergence d’une nouvelle conception de l’entreprise.

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Un syndicalisme offensif, spécifique et solidaire

La mondialisation de l’économie et des rapports de forces politiques internationaux vouent-ils notre pays au déclin ?
Assurément oui, si l’on accepte la logique financière, la soumission aux plus puissants, le renoncement au progrès social, économique et environnemental comme le fait la politique actuelle.
Assurément non, si une lucidité collective se construit pour réhabiliter le travail et sa valeur et s’engager résolument pour le progrès humain, en jouant nos atouts de travail qualifié, de démocratie, de services publics, d’émancipation.
À l’heure où la mondialisation capitaliste montre chaque jour sa force et ses limites, où des bruits de bottes se font entendre comme au Proche-Orient ou en Ukraine, où obscurantisme et nationalismes font bon ménage, nous devons nous atteler à la construction d’un rapport de forces autour de contenus de progrès lisibles et rassembleurs.
Nous devons définir des objectifs à porter ensemble auprès des ICT, des campagnes de fond à mener au plan interprofessionnel et sur les lieux de travail, des mesures concrètes pour renforcer l’efficacité de la CGT en construisant un syndicalisme de masse chez les ICTAM.
C’est de ces responsabilités de l’Ugict que nous voulons débattre et décider à ce congrès.

I. Un modèle low cost qui se structure

• La financiarisation de l’économie a provoqué une profonde crise économique, sociale et environnementale. Les choix politiques d’austérité la nourrissent et l’aggravent tout en engendrant une crise de la démocratie.
• Nous sommes déjà entrés dans une société duale, où les pauvres sont de plus en plus pauvres, les riches, détenteurs de patrimoine, de plus en plus riches.
La classe moyenne est touchée par un déclassement social et économique qui percute l’ensemble de nos catégories
• La fuite en avant dans la financiarisation provoque une forte baisse du pouvoir d’achat des ménages.
• Le capital réagissant à ses propres contradictions, esquisse le modèle du low cost économique. Ce dernier vise d’abord à parer une érosion de la demande solvable en produisant au plus bas coût au détriment de la qualité dans tous les domaines (qualité du travail, reconnaissance du travail qualifié, qualité des produits et services) et de la sécurité (des produits, des conditions de travail dégradées.)
Le choix du low cost économique aggrave le processus de désindustrialisation en cours (baisse de 7 % de l’investissement industriel en un an), hypothéquant notre potentiel de production de biens et services qui a fait de la France un pays développé.
Si le rachat d’Alstom est un symbole du décrochage industriel de la France, les attaques continues contre la recherche publique et son financement, indiquent clairement l’impasse pour l’avenir. Nous sommes face à une déstabilisation de l’université et de la recherche. Depuis 2009, seul un emploi industriel sur deux est remplacé. Les plans de licenciements récents touchent fortement la recherche et le développement : Sanofi, Alcatel Lucent, PSA, Renault Trucks, groupe Airbus. Quant aux 6 milliards d’euros offerts aux entreprises par le Crédit Impôt Recherche (CIR), même la Cour des comptes indique que c’est un instrument très couteux et dont l’efficacité reste à prouver.
La France fait en revanche la course en tête en Europe dans le versement des dividendes, qui a atteint le record au plan mondial, de 1000 milliards de dollars en 2013.
• Ce low cost économique s’accompagne d’un low cost social. Produire dans la concurrence au plus bas « coût » du travail implique d’attiser et d’accroître le dumping social, non seulement au niveau des salaires, mais aussi au niveau des garanties collectives. On orchestre ainsi un concours de victimes parmi le salariat où, au nom de l’équité, la pénurie est partagée entre ses différentes composantes.
Nos catégories sont particulièrement ciblées (négation du travail qualifié et désignation de boucs émissaires dans le partage de la misère).
Le patronat lance tous ses bataillons pour structurer cette société low cost (épisodes des bonnets rouges, des pigeons, des tondus, des poussins…). Tout est bon pour exiger toujours plus de la collectivité (en termes d’exonération de cotisations sociales, baisse de la fiscalité des entreprises, augmentation des crédits impôts) et lui restituer toujours moins en contreparties.
Dans l’entreprise, c’est le renforcement de l’individualisation où les nouvelles technologies sont instrumentalisées au travers de formes de travail atypiques pour accroître la productivité (exemple : la montée en puissance du télétravail, de la connexion via Internet en surfant sur la prise de recul des ICT vis-à-vis de l’entreprise.)
La mise en cause du professionnalisme décourage la prise d’initiatives et responsabilités dans l’entreprise et dans la société
Le patronat mène ainsi une bataille au nom de l’entreprise contre l’entreprise : en niant son véritable statut de communauté de travail créative.
Partout fleurissent de nouvelles chartes de bonnes pratiques qui font ombre à de véritables accords collectifs. Elles surfent sur une communication évanescente visant à culpabiliser et juger l’encadrement.
Ce dernier a le devoir d’être innovant, mais il est interdit de désaccord et de propositions alternatives ; le devoir de se déconnecter et de partir à l’heure, tout en étant écrasé par la charge de travail ; le devoir de réduire les fractures dans le collectif de travail, mais il doit appliquer le Wall Street management ; le devoir de mettre en œuvre ses capacités techniques et de recherche, mais il perd son temps dans des procédures obligatoires et stériles de reporting ; il doit exercer une haute expertise, mais avec des diplômes de moins en moins rémunérés ; il doit être conscient et assurer ses responsabilités (dont il est justiciable) sans être consulté, entendu sur la contractualisation des objectifs et l’orientation de l’entreprise.
À quand des moyens et des droits nouveaux pour respecter l’individu, exercer pleinement sa qualification et ses responsabilités, réhumaniser l’entreprise.
Ce n’est pas une question annexe. Elle est au cœur de la recherche du sens du travail, de l’aspiration à bien travailler. C’est aussi un passage obligé pour transformer le travail.
• La mise en œuvre de ce modèle low cost suppose une montée de l’autoritarisme qui sape les principes même de la démocratie dans l’entreprise et dans la société. Il engendre un low cost politique, véritable crise de la démocratie avec la mise en coupe réglée par les multinationales à travers le traité Transatlantique, la politique d’austérité européenne et le dessaisissement des droits des peuples et, en France, la propagation de la gangrène du Front national.
Ainsi, plusieurs éléments brident la démocratie. La Commission européenne a continué ses multiples recommandations à l’égard de la France. Début avril, la cour de justice de l’Union européenne a rendu une décision en apparence technique mais en réalité très politique.
Elle a considéré que le statut d’EPIC (Établissement Public à caractère Industriel et Commercial) confère l’équivalent d’une « garantie implicite et illimitée de l’État ». Ce serait donc, pour le tribunal, un obstacle à la libre concurrence et un avantage pour les entreprises au statut d’EPIC. Tout cela n’a évidemment que la valeur d’un jugement. Mais la SNCF, la RATP, sont des EPIC. La pression n’est probablement pas neutre au moment d’un quatrième paquet ferroviaire.
Au plan mondial, l’accord de partenariat transatlantique établirait la protection des investissements. Des entreprises transnationales pourraient ainsi traîner en justice les États parce qu’elles s’estimeraient spoliées du fait d’une législation en vigueur dans un État.
• En France, la responsabilité du gouvernement, scotché aux orientations du Medef, est écrasante.
Le pacte de responsabilité au cœur de la politique du gouvernement Valls est un scandaleux cadeau de 40 milliards au patronat, auquel le gouvernement sous-traite la lutte contre le chômage après lui avoir assuré ses dividendes.
Les exonérations de cotisations patronales jusqu’à 1,6 fois le Smic, constituent une attaque de plus pour les ICT en amplifiant l’effet trappe à bas salaires. La suppression des cotisations salariales des salariés au SMIC serait compensée par une baisse des prestations ou une augmentation de la fiscalité sur nos catégories. Ce sont les digues des garanties collectives, de la protection sociale et de la reconnaissance des qualifications qui menacent de sauter.

 

II. Des mobilisations à contre-pied de cette politique d’austérité

• Néanmoins, le déploiement de cette politique ne se produit pas sans réaction.
En France, des journées d’actions montent en puissance. Les luttes des sages-femmes ou encore des intermittents affirment leur volonté de revalorisation de leurs métiers.
Toutes ces luttes et beaucoup d’autres prennent à contre-pied les politiques d’austérité.
L’importante journée d’action unitaire du 15 mai chez les fonctionnaires affirme qu’un coup d’arrêt doit être donné aux mesures d’austérité prétendument justifiées par la réduction du déficit public. Un déficit qui ne cesse de se creuser par les allègements de 7 milliards d’euros de cotisations patronales, ajoutés au 30 milliards du pacte de responsabilité.
Dans un contexte difficile, les avancées liées à l’action de l’Ugict sont à valoriser : la reconnaissance du doctorat d’ici à 2016 dans les conventions collectives (revendication historique de l’Ugict), les mesures concrètes pour les stagiaires à travers le vote d’une loi (notamment l’augmentation de la gratification, l’encadrement pédagogique, le remboursement des frais de déplacements et de restauration) et des avancées sur l’égalité professionnelle femmes-hommes relatives à l’obligation de supprimer les écarts salariaux cumulés sur l’ensemble de la carrière professionnelle ; enfin, la création d’un droit d’alerte éthique protégeant les salariés des délits dénoncés.
L’intervention à tous les niveaux et sur tous les terrains est donc nécessaire. L’enjeu des élections européennes de dimanche prochain ne doit pas être sous-estimé.
En lieu et place d’une promesse de projet européen de paix et de progrès social, les peuples vivent une régression sociale généralisée et brutale portée par des politiques d’austérité condamnant les investissements sociaux. Ainsi, les banques sont renflouées par les États, les dépenses publiques sont sacrifiées.
La Commission européenne martèle l’idée que la dette publique nous interdit désormais de développer les services publics. Ce dogme se traduit par des suppressions massives d’emplois, de services, des privatisations. Des missions sont abandonnées, d’autres sont mises en concurrence (les transports). La qualité de l’offre s’en ressent, et des inégalités d’accès aux services publics deviennent récurrentes.
Pour garder la confiance des marchés financiers, les dirigeants de la zone euro préservent les dividendes des actionnaires alors que la part des richesses produites accaparée par les prélèvements a explosé.
La situation plaide pour une construction de l’Europe radicalement différente. Non au chacun pour soi, mais non aussi à un « Tous ensemble » qui se ferait dans le partage de l’austérité sans égratigner le coût du capital. L’Europe doit être sociale et actrice d’un développement économique et industriel durable. C’est ce que porte la CES. Ainsi, l’euromanifestation de la Confédération européenne des syndicats à Bruxelles, le 4 avril dernier a surpris nombre d’observateurs par son ampleur. Elle s’est située résolument contre l’austérité, avançant des propositions concrètes pour relancer l’économie et l’emploi. Elle a surtout reflété une émergence de luttes sur tout le continent : marche de la colère au Portugal, marche pour la dignité en Espagne, grève générale en Grèce… Jusqu’à l’Allemagne qui est obligée enfin d’avancer sur la mise en place d’un SMIC.
Un changement de cap s’impose, C’est en s’attelant à la réponse aux besoins sociaux des peuples que l’on endiguera les replis nationalistes et xénophobes qui font tache d’huile en Europe.
• En France, le refus de valider les choix gouvernementaux s’est exprimé fortement dans les urnes, lors des élections municipales. Nous sommes face à un rapport au politique qui se tend et qui sous-tend une recherche de perspectives et de « comment faire » novateurs.
«Nous sommes sociaux démocrates et on l’assume», a scandé à plusieurs reprises le président de la République. Une social-démocratie administrée comme « le générique » du capitalisme. Certes, elle ne porte ni les mêmes couleurs, ni le même nom, mais provoque les mêmes effets en appliquant des mesures d’austérité et en renonçant à appréhender la question du coût du capital.
Un capital dont les propriétaires [Gattaz en autres] versent des larmes de crocodiles sur les entreprises dont ils provoquent eux-mêmes l’agonie économique, sans aucun état d’âme vis-à-vis des travailleurs qui les constituent, vis-à-vis de la collectivité qu’ils pillent sans aucune contrepartie. Alors oui ça suffit ! Il faut changer de cap…
Mais suffit-il de le dire, d’appeler à la révolte, de crier son désaccord – par ailleurs nécessaire- pour que ça s’arrête ?
Les idées de « tous pareils », « tous pourris » progressent avec l’effacement des repères droite – gauche, explosant les fondamentaux traditionnels de la « gauche », ainsi que le rejet des notables et des cadres établis quels qu’ils soient.
C’est l’absence de perspectives pour sortir de la crise qui se fait sentir.
Oui, il faut changer de cap face à la désaffection vis-à-vis du politique, à une montée de la droite aux dernières élections municipales et à ses idées réactionnaires contre la valeur du travail et l’émigré qui construisent une virginité au Front national en le banalisant.
Au moment où monte l’aspiration au changement, l’urgence est de lui donner un contenu. Redonner le progrès comme objectif du changement. S’engager pour le progrès. C’est le thème du congrès de l’Ugict-CGT.
Nous pouvons y travailler ensemble à partir de nos propres responsabilités syndicales : rien qu’à notre place, mais en y prenant toute notre place.

III. L’enjeu de la mobilisation des ICTAM et notre démarche syndicale CGT : spécifique et solidaire

• Nos catégories ont toujours été un enjeu stratégique de toute transformation eu égard à leur place et rôle dans l’entreprise.
C’est le cas dans l’évolution des garanties collectives et leur déstructuration avec l’individualisation des salaires, la notion de forfaitisation, la contractualisation des objectifs ; ou encore dans la transformation du travail avec des formes atypiques de travail et l’instrumentalisation des nouvelles technologies ; dans le cadre des retraites au niveau d’un nouveau système de capitalisation, et enfin dans la financiarisation des entreprises avec la mise en œuvre d’un Wall Street management.
Nos catégories sont aujourd’hui au cœur de la transformation d’un nouveau modèle de société qui prend sa source dès l’entreprise. La généralisation du low cost passe par la négation du travail qualifié et cible en ce sens les ICTAM. On gomme alors toute reconnaissance des qualifications, voire la notion même de qualification qui, au final, nourrit la déstructuration et le recul, sans précédent, de l’ensemble des garanties collectives.
L’enjeu de la mobilisation de nos catégories devient crucial, en raison de leur propre situation, de leur incidence sur l’ensemble du salariat et des perspectives de sortie de crise.

Les axes de notre démarche

Comment travailler de façon plus lisible et collective avec toutes les forces CGT une offre syndicale spécifique et solidaire pour les ICT, qui leur donne les moyens de définir un nouveau statut des ICT de se réapproprier l’entreprise.
Si la définition de l’entreprise, considérée comme société d’actionnaires, est la seule reconnue dans le droit, les luttes avec les sous-traitants, comme les interventions dans la gestion des entreprises, font avancer une autre conception : celle de l’entreprise, considérée comme communauté créative de richesses.
C’est un objet de bataille fondamentale pour gagner sur les questions du travail comme sur l’emploi. Ainsi, la modeste loi Florange a été retoquée par le Conseil constitutionnel alors qu’elle obligeait seulement les entreprises de plus de 1000 salariés à rechercher un éventuel repreneur. Le motif invoqué par cette instance très politique -à savoir le sacro-saint droit de propriété, la liberté d’entreprendre- en arrive à consacrer un droit à la destruction économique au nom de la propriété économique.
Notre démarche syndicale doit s’inscrire dans une logique à la fois de résistance et de propositions revendicatives. Tout retard sur l’innovation sociale, la réponse aux besoins du salariat d’aujourd’hui circonscrirait nos luttes et les assimilerait à préserver de rares « privilèges ».

La reconnaissance des qualifications est au cœur de notre démarche syndicale

Nous vivons une attaque sans précédent sur les salaires que ce soit à travers :
• Les velléités de suppression des grades dans la fonction publique.
• Le blocage de l’indice des fonctionnaires étendu jusqu’en 2017 !
• La négation de la technicité face au tout management dans le privé comme dans le public.
• Le décrochage des diplômes des conventions collectives et l’insupportable situation faite aux jeunes diplômés.
• Une augmentation continue du nombre de cadres payés en dessous du plafond de la Sécurité sociale qui dévalorise le statut-cadre et fragilise le financement de l’Agirc.
• Le développement de l’individualisation des salaires lié à l’atteinte d’objectifs et l’exclusion des ICT des augmentations générales.
• Le tassement des grilles de qualification.
• Le débordement du temps de travail sur les temps de vie, l’augmentation des charges de travail et la diminution du salaire horaire.
À toutes ces mesures s’ajoutent le troc illusoire des salaires contre l’emploi et à présent l’augmentation du pouvoir d’achat contre une diminution du paiement des cotisations sociales.

Non, la question des salaires et du pouvoir d’achat ne peut se résoudre par une baisse de la fiscalité.
Restaurer une juste place de la fiscalité à travers une réforme fiscale d’ensemble
Face à l’offensive tous azimuts contre l’augmentation des impôts -sachant que les choix fiscaux actuels favorisent le glissement de la contribution des entreprises vers les ménages et plus particulièrement nos catégories- nous devons restaurer sa juste place à la fiscalité.
La fiscalité ne peut se réduire à une question de justice sociale (répartition des richesses). C’est aussi un instrument d’intervention et de développement de la création de richesse du pays.
Elle impulse et finance tel ou tel type de recherche publique ou privée et d’’investissement dans les missions de service public, elle favorise telle ou telle des conditions de production, elle influe sur les conditions de travail et de formation.
L’idéologie d’une fuite en avant dans une baisse de tous types d’impôts casserait les moyens publics pour intervenir sur le développement économique, social et environnemental du pays.
D’ailleurs, cette diminution des ressources de l’État a déjà réduit considérablement les investissements publics et elle est la première responsable du creusement du déficit public constaté.
La nouvelle baisse annoncée de 11 milliards sur la fiscalité des entreprises, sans améliorer la compétitivité de l’économie, sans réduire l’iniquité fiscale, ne fera que favoriser les grandes entreprises.
• Quant à la justice sociale, la baisse de la fiscalité ne peut se faire sans retour et sans contrepartie pour la collectivité qui finance, sans agir sur le poids des inégalités patrimoniales qui est le véritable creuset des inégalités sociales ou encore la question de la taxation des capitaux. Ainsi d’après l’INSEE, les 5 familles les plus riches possèdent autant que les 30 % les plus pauvres.

Gagner le financement de la Sécurité sociale

La multiplication et l’amplification des exonérations de cotisations sociales modifient en profondeur le financement de la Sécurité sociale. Aujourd’hui, la part des cotisations dans le financement de la Sécurité sociale n’est plus que de 58,4 %, le reste provenant de l’impôt, de la CSG et de diverses taxes.
À ce vecteur de financement correspondait une exigence démocratique. Le financement par le salaire « socialisé » donnait toute légitimité aux assurés sociaux pour administrer et gérer au mieux de leurs intérêts leur système de protection sociale.
A contrario, la fiscalisation de la Sécurité sociale correspond à une volonté de dessaisir les assurés sociaux du devenir de leur protection sociale. Le moins-disant démocratique devient l’outil d’un moins-disant social arbitré par l’Assemblée nationale, dans une logique de réduction des déficits publics, et donc de diminution drastique des dépenses de protection sociale.
Ainsi, c’est la nature même des prestations qui changerait. Proportionnelles au salaire, les cotisations sociales ont vocation à donner des droits également proportionnels au salaire en matière de retraite ou d’indemnités journalières pour garantir la continuité du niveau de vie et ce, sans préjudice des mécanisme de solidarité puisqu’ « on cotise selon ses moyens et on perçoit selon ses besoins ».
Financées par l’impôt, les prestations prendraient à terme la forme de minima sociaux délivrés sous conditions de ressources aux citoyens les plus démunis. Dans cette logique, la frange moyenne du salariat se trouverait finalement exclue du bénéfice de la Sécurité sociale, et parmi elle, les ICTAM trop « riches » pour les minima sociaux, trop « pauvres » pour souscrire des assurances privées auprès d’organismes à but lucratifs, ainsi massivement réhabilités dans le champ de la protection sociale.
Relever de tels défis suppose une démarche syndicale qui aborde aussi le rapport au politique et la question de l’unité syndicale.

Politique et syndicalisme

La situation crée du désespoir sur lequel surfe le Front national. À l’inverse, nous cherchons à promouvoir une mobilisation massive des salariés pour faire valoir leurs intérêts.
Ni l’anarcho-syndicalisme (style FO), cherchant à suppléer au vide politique, ni la construction d’un cordon ombilical (style CFDT) avec des partis quels qu’ils soient ne seront opérants pour gagner un engagement massif des salariés dans l’action. Ils attendent et demandent que « syndicalisme » et « politique » jouent chacun leur rôle dans la complémentarité de leurs responsabilités.
Le rassemblement des salariés est du ressort de la responsabilité syndicale. Nous ne cherchons pas uniquement un meilleur partage des richesses, mais aussi une autre manière de les produire, ce qui est au croisement des rapports politique-syndicalisme.
Le danger, aujourd’hui, serait de verser dans la dépolitisation syndicale. Les ICTAM  veulent être citoyens dans l’entreprise, les syndiqués veulent être citoyens dans la CGT. Nous les appelons aussi à être citoyens dans la politique en y apportant toute leur connaissance et leur expérience de la réalité et du monde du travail. Il est pleinement utile que des responsables syndicaux affirment leur citoyenneté et s’expriment dans le champ politique. Indépendance ne signifie pas neutralité. C’est en travaillant ce principe que les organisations seront d’autant plus à l’aise pour développer une démarche syndicale rassembleuse dans les luttes et décider démocratiquement de leurs positionnements.

Unité d’action et unité syndicale

Dans cet impératif de rassemblement, l’unité syndicale joue un rôle clé lorsqu’elle se conjugue à l’unité d’action. En quelques années, le salariat s’est profondément modifié avec 47 % d’ICT. Le logiciel d’hier, qui consistait à rassembler la classe ouvrière et à l’élargir ensuite aux cadres intellectuels, ne fonctionne plus.
La part intellectuelle s’est maintenant accrue fortement dans le travail et le rassemblement du salariat suppose une CGT en capacité d’être représentative de l’ensemble. Sa responsabilité de première organisation syndicale, lui demande de faire en sorte que les ingénieurs cadres techniciens et agents de maîtrise s’organisent collectivement, en convergence avec la composante ouvriers-employés,  en traitant toutes les diversités et les fragmentations du salariat.
Avec l’atout que constituent les 50 années d’expérience de l’Ugict, la CGT pèse 21 % aux dernières élections de représentativité dans les 2ème et 3ème collègues du privé, 3 points devant la CGC.
La CFDT confédérale a épousé la ligne gouvernementale, signé le pacte de responsabilité et se veut l’interlocuteur privilégié du patronat. D’où des contradictions lorsque la première organisation chez les cadres signe un recul pour leurs droits à l’assurance-chômage. La CGC avait précédemment payé sa défection chez les cadres au niveau des retraites complémentaires. Elle ambitionne de redevenir la première organisation en se recentrant sur un syndicalisme catégoriel rénové, prônant une défense des cadres, voire des techniciens, avec une idéologie libérale. D’où des contradictions comme celles qu’on a pu observer à propos du pacte de responsabilités.
Elle n’a retiré sa signature qu’au regard des résultats négatifs de la négociation assurance-chômage pour les cadres, alors que ce fameux pacte consistait d’entrée de jeu en un renforcement des trappes à bas salaires et jouait contre la reconnaissance des qualifications des ICT.
Notre capacité à avancer des contenus revendicatifs et propositionnels pertinents et attractifs, sera donc décisive pour dépasser ces contradictions du syndicalisme spécifique et répondre au souhait d’unité et de rassemblement des ICT eux-mêmes.

IV. Syndicalisation des ICT

• La syndicalisation des ICT est un enjeu majeur pour leur mobilisation et le rassemblement du salariat.
De ce point de vue, où en sommes-nous dans la Cgt ? De quelle offre et pratiques syndicales avons-nous besoin pour être un syndicalisme de masse parmi les ICT ?
Si la CGT détient la deuxième place dans la représentativité des 2ème et 3ème collèges du privé, les derniers revers électoraux illustrent des difficultés et des reculs.
On observe une montée de l’abstention dans nos catégories alors qu’elles comptaient parmi les plus participatives. C’est une érosion de la confiance vis-à-vis des syndicats.
Dans le sondage réalisé par l’Ugict-CGT en avril dernier, la majorité des cadres la jugent inefficace pour les défendre tout en la considérant comme une référence… pour les autres et dans le syndicalisme ! Les ICTAM comptent d’abord sur eux-mêmes pour se défendre, viennent ensuite les syndicats (25 %), puis les avocats (10 %).
Ce constat n’est pas agréable à entendre. Il nous oblige à une analyse de la perception du syndicalisme CGT parmi nos catégories, de la qualité de notre vie syndicale et de l’organisation d’une activité spécifique à leur encontre.

4-1 Un rapport spécifique au syndicalisme

Les ICT ont un rapport spécifique au syndicalisme qui bouscule les pratiques traditionnelles. Ils privilégient un syndicalisme leur permettant d’être acteur de leur vécu au travail, un syndicalisme qui leur donne les moyens de se prendre en mains plutôt qu’un syndicalisme de délégation défensive.
Nous ne leur proposons pas suffisamment un syndicalisme offensif sur de nouveaux droits individuels garantis collectivement.
Quel encadrement de leur autonomie professionnelle, au-delà du seul lien de subordination hiérarchique, mais aussi économique ?
Quelle possibilité d’expression et de désaccord tout en étant protégé ?
Quels droits pour la mobilité et la reconnaissance d’un continuum de qualifications ?
Telles sont quelques questions concrètes auxquelles ils sont confrontés quotidiennement.

4.2 La nécessité d’un syndicalisme de masse parmi nos catégories

Concernant les récents reculs électoraux, on ne peut se contenter d’explications idéologiques où la CGT paierait le tribut d’une droite qui monte en puissance, les cadres et techniciens épousant la tendance. Nous ne pouvons pas non plus nous satisfaire d’explications sociologiques constatant l’évolution du salariat, -plus de diplômés, plus de jeunes et donc moins de vote CGT ! Cette vision équivaut à un renoncement tacite à « être la CGT de tout le salariat. »
En rester à des justifications idéologiques ou sociologiques et ne pas se donner les moyens de transformer le réel, serait donc mortifère pour l’avenir de la CGT. Certains de ces reculs électoraux ont été constatés dans des professions où la structuration Ufict s’est affaiblie dans la dernière période. Peut-être n’y a-t-il pas de lien de cause à effet, mais ce constat nous interroge sur notre capacité à organiser partout l’activité spécifique.

4-3  La qualité de notre activité revendicative et vie syndicale en question

Le savoir-faire et la manière de faire sont au cœur de l’attractivité de notre syndicalisme chez les ICT.
Les ingénieurs cadres et techniciens dans l’entreprise, comme dans le syndicalisme, ne veulent pas entrer dans un moule. Détenteurs d’informations, de responsabilités, qui ont des impacts forts sur les autres et l’environnement, ils ont besoin d’espaces pour « dire leur mot » et échanger.
Ils ont besoin de construire leur syndicalisme et pas seulement de le rejoindre.
C’est de la conjugaison de leur autonomie dans le collectif syndical qu’il s’agit. Travailler à faire une place à l’individualité dans le collectif, n’est pas couronner l’individualisme !

4-4  Organiser l’activité spécifique

Afin d’être réellement efficace -au-delà d’une campagne électorale- nous avons besoin d’organiser l’activité revendicative spécifique et de réfléchir à transformer les structures spécifiques existantes. Parfois, la qualité de l’activité revendicative n’est pas satisfaisante, voire inexistante au sein même de la structure. On l’élimine alors comme s’il suffisait de casser le thermomètre pour faire tomber la fièvre ! On fait de même, au nom de la simplification des structures.
Pense-t-on régler de façon administrative les questions de convergences d’intérêts en les décrétant ?
Dans ce débat [ou refus péremptoire du débat] sur les façons d’organiser l’activité spécifique, nous devons nous atteler aux vraies questions.
Des velléités de la simplification des structures, émerge une réalité : celle du faible nombre de militants dont dispose la CGT et particulièrement parmi les ICT.
Se rassembler en une seule structure est alors un réflexe naturel, mais qui, à l’expérience, se traduit souvent par une activité CGT globalisante laissant sur le bord de la route l’activité spécifique ICTAM.
• Le vrai problème réside dans le nombre de syndiqués et de militants ICT pour participer et impulser l’activité spécifique sur le lieu de travail, quelle que soit la forme d’organisation de l’activité. C’est pourquoi nous proposons de développer la formation Ugict en déployant les stages « Les Ictam dans la CGT, pourquoi, comment ? » à l’échelle départementale, mais aussi de travailler à construire ce même type de stage à l’adresse des syndicats généraux (comme expérimenté avec succès par exemple par l’Ufict Métallurgie). Le succès rencontré par le kit Ugict « Représentativité » à destination des territoires, nous conduit à envisager le même type de support pour les syndicats.
• Ne devons-nous pas développer aussi l’accès des jeunes et des femmes aux responsabilités syndicales, donner les moyens aux Ict de s’adresser prioritairement à leurs catégories ?
En ce sens, l’affiliation à l’Ugict est loin d’être un acte administratif, puisqu’elle ouvre droit à l’accès automatique à toute la communication spécifique CGT à travers Options, L@ lettre électronique…
C’est aussi un acte de solidarité CGT, puisque qu’elle donne les moyens à la CGT de produire et d’impulser l’activité ICT, quels que soient la taille et les moyens financiers du syndicat, de sa fédération ou de son union départementale.
• Face à la réunionite des élus orchestrée par les directions d’administration et d’entreprise et la multiplication de « groupes de travail », comment réagir et décider de privilégier une activité des militants sur le terrain au contact des ingénieurs cadres techniciens et agents de maîtrise.
• En prenant en compte l’intérêt et à l’attachement que manifestent nos catégories dans leur travail, nous aurons de moins en moins -au-delà de la contraction des droits syndicaux- un syndicalisme constitué majoritairement de permanents parmi les ICT.
Il nous faut donc être en capacité de travailler à ces allers-retours de l’activité professionnelle et syndicale et avoir une souplesse dans l’articulation des responsabilités professionnelles et syndicales, l’articulation des temps de vie (surtout pour l’accès aux responsabilités des femmes dans la CGT) ; accepter une prise de responsabilité syndicale sur un enjeu revendicatif ponctuel ou de mobilisation ; partager les responsabilités syndicales, et avec toute la CGT savoir partager les heures de délégation.
Le dire, est plus facile que le faire. C’est pourquoi l’Ugict nationale se propose d’organiser des réunions et des échanges, au moins deux fois par an, avec ses unions fédérales sur les différentes pratiques et expériences en la matière et à l’ordre du jour des commissions départementales avec les syndicats et sections Ufict des départements.
• Le rapport spécifique des ICT au travail se traduit aussi par des décalages dans le temps et des façons différentes d’appréhender des questions revendicatives (comme l’autonomie dans le travail, le droit d’expression, le rapport à la gouvernance, les relations hiérarchiques, le temps de travail…).
C’est pourquoi notre syndicalisme doit permettre l’exercice d’une autonomie revendicative liée aux préoccupations des ICTAM pour mieux travailler la convergence et le rassemblement avec les autres catégories.
C’est un point important pour enrichir et construire le « travailler ensemble » CGT.
• Depuis notre XVIème Congrès Ugict, l’enjeu du déploiement des ICT a nettement progressé dans toute la CGT. La croissance des dispositifs spécifiques territoriaux l’illustre. Ainsi, notre Tour de France, dans le cadre de la préparation du congrès, a suscité et dynamisé ces créations.
Nous proposons de le poursuivre, afin de l’inclure dans un mode de vie régulier d’échanges et de mise en œuvre concrète sur le terrain avec toute la CGT.
Nous avons constaté depuis plusieurs années, le besoin de confronter les expériences et la vie des commissions départementales. Il serait souhaitable d’instaurer des réunions régulières des dispositifs territoriaux.
Après des années de faux débats, opposant de façon stérile activité et organisation du revendicatif spécifique, nous sommes entrés dans un mouvement CGT de recherche d’efficacité de l’activité revendicative et de transformation pour déployer partout où existent des ICT, une activité en prise avec leurs préoccupations.
On constate déjà de premiers résultats dans des syndicats généraux comme au Technocentre (plus de 10 000 ICT) ou bien au sein de fédérations qui réfléchissent à porter l’activité spécifique sur le lieu de travail en symbiose dans toute la profession (exemple la métallurgie).
Une dizaine de nouveaux syndicats spécifiques Ufict ont été par exemple créés dans la fédération des services publics.

V. Campagnes revendicatives

• L’attractivité de notre syndicalisme passe aussi par une communication moderne utilisant les outils numériques. L’Ugict va continuer à développer sa présence sur les réseaux sociaux, sur la plate-forme de sites reference.syndicale.fr et les stages de formations aux stratégies de communication.
Pour la première fois en France pour un syndicat, l’Ugict a expérimenté une campagne participative grand public sur Internet pour financer des supports de publicité destinés à illustrer la compatibilité entre CGT et cadres. Ces publicités sortiront dans la presse dès la fin de ce congrès.
Nous proposons que cette opération se prolonge par une campagne de syndicalisation s’appuyant sur les visuels de pubs et nos propositions revendicatives.
• Compte tenu de la situation faite aux ICTAM et des enjeux du travail qualifié, la conquête d’un nouveau statut pour les cadres et techniciens est un défi pour le syndicalisme.
L’Ugict propose de s’y atteler en s’appuyant sur les éléments du statut-cadre existant en y intégrant toute la diversité que recouvrent les ICT aujourd’hui, la féminisation de ces catégories, les problématiques des jeunes diplômés, l’essor considérable en nombre de cette composante du salariat, ainsi que l’unité d’intérêts avec le salariat d’exécution.
Nous avons besoin d’un corpus de droits et garanties effectives qui traitent leur situation de victimes et d’acteurs des stratégies patronales, de droits individuels garantis collectivement.
C’est d’ores et déjà dans ce cadre que se poursuit notre bataille pour l’Agirc. La fusion annoncée de l’Agirc et de l’Arrco s’inscrit dans l’évolution profonde que le Medef vise pour notre système de protection sociale. Comme le patronat est hermétique à nos propositions pour financer le développement de l’Agirc, la fusion des régimes aurait pour objectif de siphonner les réserves de l’Arrco et, en d’autres termes, de faire contribuer 14 millions de non cadres au financement des pensions de 3 millions de cadres et assimilés.
Le Medef veut réduire les taux de remplacement et développer massivement l’épargne retraite et la capitalisation.
Dans le secteur privé, l’Agirc est par ailleurs aujourd’hui le seul outil de reconnaissance interprofessionnelle opposable aux employeurs pour la définition des cadres et leur classification.
Alors que le patronat cherche à nous enfermer dans une bataille défensive, il nous faut défendre l’Agirc dans le cadre de notre revendication pour un statut des cadres et techniciens avec de nouveaux marqueurs interprofessionnels, notamment l’intégration de la validation des années d’études.
Faire de ce statut, un objet de batailles et de conquêtes sociales, suppose un certain nombre de campagnes revendicatives à mener.
Une grande campagne dans la durée sur la réhabilitation de la notion de qualification et sa reconnaissance en ciblant plusieurs points fondamentaux :
–  Reconnaître les diplômes dans les conventions collectives et le statut de la fonction publique, reconnaissance du BTS-DUT et du LMD. Investir les brèches ouvertes dans les projets déjà en cours sur la reconnaissance du doctorat.
–  Dans les conventions collectives dans le cadre de l’égalité professionnelle hommes-femmes renégocier les classifications avec la refonte des grilles de classification pour revaloriser les professions prédominance féminine. Exemple de la lutte des sages-femmes qui comparent leur salaire avec celui des ingénieurs de la fonction publique (même niveau de qualification Bac +5).
– Reconnaître la formation continue, la technicité, l’ancienneté et l’expérience professionnelle pour redonner sens au déroulement de carrière.
– Poursuivre nos réflexions et actions sur l’évaluation et la mise en œuvre de la qualification dans le travail.
– Gagner des droits et garanties pour la mobilité choisie, professionnelle ou géographique, afin d’avoir un continuum dans la reconnaissance de la qualification. L’APEC indique, en effet, que la mobilité a aujourd’hui un impact négatif sur la carrière du point de vue salarial.
Une campagne pour l’obtention de nouveaux droits protégés permettant aux ICT de jouer leur rôle contributif, d’exercer leur libre-arbitre dans leurs fonctions et les controverses professionnelles.
Travailler de manière plus précise le droit de refus et d’alternative sans sanction en nous appuyant sur les premières avancées légales relatives au droit d’alerte en matière d’éthique, de santé publique et d’environnement.
C’est dans ce cadre que nous voulons également traiter du droit à la (dé)connexion avec des mesures concrètes permettant de reprendre la main sur son travail et sur l’équilibre vie privée, vie professionnelle.
L’usage actuel des outils numériques modifie en profondeur la durée réelle du temps de travail et peut contribuer à une nouvelle forme de forfaits-jours qui ne dit pas son nom. Les NTIC peuvent considérablement faciliter le travail et sont un levier d’autonomie à condition cependant d’encadrer les usages afin de préserver la santé et la vie privée des salariés.
Nous voulons ainsi réinterroger le temps de travail des ICT ainsi que son organisation et obtenir des avancées concrètes dans des accords de branches et d’entreprises, revenant sur les décomptes horaires et les plages effectives de travail et de non-travail.
Troisième axe de campagne : il s’agit de prendre à rebours le Wall Street management en faisant émerger et respecter une nouvelle conception et définition de l’entreprise.
Travailler à un management alternatif au modèle financier et coercitif qui sévit aujourd’hui, va de pair avec la confiscation des pleins pouvoirs aux actionnaires. Le droit de veto pour les acquisitions étrangères d’entreprises françaises -esquissé par le gouvernement- témoigne de la nécessité de retrouver une maîtrise démocratique et publique des choix stratégiques d’entreprise.
Redéfinir un nouveau statut de l’entreprise opposable au diktat des actionnaires, se réapproprier l’entreprise dans la pratique jusqu’au niveau du droit, c’est placer la CGT au cœur de la réconciliation des travailleurs et de l’entreprise, favoriser une attractivité forte de notre syndicalisme parmi les ICT. L’entreprise, c’est nous !

Conclusion

En proposant aux ICTAM de « s’engager pour le progrès », notre congrès affiche l’ambition d’assurer un avenir au travail qualifié dans l’intérêt des ICTAM eux-mêmes, de celui de l’ensemble du monde du travail et de notre pays.
Après leur démobilisation par rapport à l’entreprise, avec la prise de distance vis-à-vis des orientations stratégiques, puis leur démobilisation par rapport à leur travail suite aux attaques contre leur éthique et leur professionnalisme, on tente aujourd’hui de les démobiliser socialement par d’une opération de culpabilisation et de non-reconnaissance d’envergure.
Ce processus de négation du travail qualifié accompagne la perte de substance de l’économie française.
La capacité de mobilisation des ICTAM est donc un enjeu clé de la sortie de crise et du rapport de forces à développer.
Celle-ci ne pourra s’opérer sans un syndicalisme d’un tout autre contenu et d’une toute autre dimension pour les ICTAM : un syndicalisme représentatif de leurs vécus et préoccupations ; un syndicalisme offensif de conquêtes de nouveaux droits, qui conjugue individualité et collectif; un syndicalisme en phase et ouvert sur les évolutions sociétales, que ce soient les aspirations à l’égalité professionnelle femmes-hommes, la place des jeunes diplômés ou l’équilibre entre vie au travail et hors travail, le respect de l’environnement ; un syndicalisme solidaire, qui loin d’être un sacrifice d’une catégorie pour une autre, ou d’un partage de la pénurie renoue avec le progrès social et la conquête de droits nouveaux.
Avec toutes ses forces la CGT doit porter l’outil Ugict qu’elle construit avec les ingénieurs cadres techniciens et agents de maîtrise pour en faire la référence syndicale du salariat qualifié à responsabilités. Une Ugict attractive qui redonne sens, fierté, éthique, créativité et initiative à leurs place et rôle dans le collectif de travail.
Une Ugict qui bâtit avec eux une identité de salariés professionnellement engagés et socialement responsables.

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